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Un peu d'Ithaque dans le café


 Chaque lundi est rythmé par la visite au thérapeute, dans mon ancienne Ville. Ithaque est toujours là, mais je me rends compte de ses changements depuis l'arrivée du métro.

En voie de gentrification, elle voit ses commerces populaires fermés peu à peu, pour être remplacés par des épiceries chics ou des boulangeries labellisées par des guides, proposant régulièrement de nouveaux produits. Un commerce de Bento s'est un installé un peu plus loin.

Comme partout ailleurs du faux authentique de bon aloi apparaît, à l'instar de ce café évoquant une ancienne fabrique... dans un bâtiment qui n'existait pas il y a cinq ans. Le temps du passé industriel est bien loin. Le comédien à la salopette ne retrouverait pas l'esprit de sa ville, s'il revenait maintenant.
 
Alors que je pénètre dans le café kabyle, le patron m'interpelle :
"- Comme d'habitude, monsieur ? "
"- Oui, un express s'il vous plait".
Je m'installe au comptoir en formica usé par endroits et mon regard glisse sur la mosaïque ancienne du sol, assez atypique. Un plaisir pour les yeux.
Ce café est un îlot. Un îlot pour mes pensées, le temps d'aller retrouver le thérapeute.
Un îlot où se réunit une partie de l'ancienne population des habitants de la ville. 
A côté de moi, deux amis parlent de leur apprentissage en magasin il y a plus de trente ans.

Et puis un vieux arrive avec sa baguette et commande :
"- Sers moi une bière.
- Laquelle tu veux ?
- Ben une Leffe."

Le patron rigole et reprend :
" -Tu sais ce que dit le petit Jésus ?
- non ?
- Leffe toi et marche.
- ça doit être le Jésus Belge alors."

En fait on se sent bien dans ce café. Mon regard repart sur la mosaïque au sol. 

Eeto, de Paris

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