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Un léger sentiment de précarité

Une photo à 5 ans : la plus ancienne dont je dispose. Légèrement déchirée et scotchée, décolorée par endroits. Petite bouille souriante. Le visage sera plus grave dans les suivantes : les enfants ont leurs propres tracas. Lorsque mon enfance ressurgit, c'est le sentiment d'être à l'abri du besoin, ou d'absence de l'incertitude matérielle qui revient en premier : nous n'avions ni de grand moyens ni de très grandes difficultés par rapport à d'autres, même pendant l'épisode du chômage paternel. Désormais ce léger sentiment de précarité ne me quitte jamais. Il m'habite.

Si l'on se place du point de vue économique, un couple franco-japonais marié (une nécessité pour le visa) devra faire face à des dépenses que les autres n'auront pas à engager :

Auparavant, le conjoint de français pouvait venir en France dans le cadre d'une autorisation de séjour de moins de trois mois (à l'instar d'un touriste) pour se marier et effectuer les démarches en France. Il était donc possible d'envisager un seul déplacement.

Maintenant, le conjoint, déjà marié, devra effectuer sa demande de visa de long séjour depuis l'étranger et effectuer un test de français pour se voir éventuellement imposé des cours de français... à ses frais, avant de pouvoir gagner la France. Cela nécessite trois déplacements (A/R du français et aller du japonais).

Concernant les formalités : à chaque obtention de carte (de séjour, de résident), l'achat de timbres fiscaux OMI est obligatoire (70 € pour un renouvellement, 300 € pour une première demande).

En dehors des frais ponctuels supplémentaires, il faut préciser que le conjoint ne trouvera pas forcément du travail de suite : l'apprentissage de la langue peut être un obstacle (il ne pas être autonome de suite), le métier appris au Japon ne sera pas obligatoirement exportable en France (je prends l'exemple d'une infirmière - elle devrait repasser un concours ou alors changer de métier)... Il faut s'attendre à une période de vie avec un seul salaire.

Dans le cas d'un mariage récent, il faudra également penser au décalage d'un an de l'impôt sur les revenus. Personnellement, les miens étaient restés à 1400 € à l'année avant de passer à 200 €. C'est une somme énorme pour un couple avec un seul salaire.

Quant à l'alimentation : il faudra composer dans la mesure du possible avec le supermarché classique, le super asiatique et l'épicerie japonaise hors de prix pour les produits indispensables que l'on ne trouve pas ailleurs. Il est difficile de limiter son budget dans ce domaine uniquement par un leader price.

Ne pas occulter la nécessité de prévoir une épargne pour le retour au "pays" au moins tous les trois ans. Entre temps, les autres destinations seront à oublier faute de moyens.

Au delà de ces comptes d'apothicaire, il s'agit de comprendre que les conditions d'existence jouent en partie sur la vie d'un couple.

Pouvoir s'offrir de temps en temps des produits d'origine adoucit le sentiment d'exil...

êto, de Paris

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