J'apercevais parfois le père se déstresser en jouant de façon obsessionnelle au solitaire sur le PC. Tu ne vas pas te coucher ? Vas-y toi.
Alors que je m'apprêtais à parler de la mère et de son extravagance, de ses observations au téléphone sur elle, lorsque nous étions deux, "elle ne parle pas français", "elle ne fait pas d'efforts"... Le thérapeute m'interrompit. Parlez moi de votre père.
De mon père, je n'avais pas grand chose à dire. Né en 45, parfait représentant de la génération de l'après-guerre : sérieux, travailleur, peu ou pas de hobbies... Je me souviens bien d'une fois où nous avions joué ensemble. Nous étions à la plage. J'étais petit. Sur l'insistance de la mère, nous fabriquerions un château de sable. Il faisait beau.
Avec ce père souvent dans la lune et bien silencieux, qui n'aimait rien tant que le bateau et le bricolage, la communication passait par la mère...
Je me suis demandé de temps en temps ce que nous avions appris de lui et à chaque fois me revenait en image la mère et la façon dont elle nous avait éduqué.
Et pourtant les mots du psy me retournèrent comme jamais : pour assurer les études de ses enfants, le père continuait à travailler malgré sa possibilité de préretraite, sa période de chômage, ses retours fréquents jusqu'à plus d'heure. Et cela sans un mot.
Et je compris alors qu'il m'avait autant marqué dans ses silences que ma mère avec ses mots. Lorsque de graves problèmes financiers apparurent dans mon ménage, j'essayais de les régler seul. Ce que j'avais tenté de reproduire sans en parler à personne était la silhouette du père.
Et je compris alors qu'il m'avait autant marqué dans ses silences que ma mère avec ses mots. Lorsque de graves problèmes financiers apparurent dans mon ménage, j'essayais de les régler seul. Ce que j'avais tenté de reproduire sans en parler à personne était la silhouette du père.
Eeto, de Paris
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